Le sujet

Emmanuel Gallieni est un jeune garçon sans histoire, jusqu’au jour où, en proie à un sentiment d’empathie extrême envers un camarade de classe, il se découvre le pouvoir de prendre possession du corps d'autrui. Des petits méfaits égoïstes de l'adolescence à la félonie et aux crimes de l'âge adulte, des villages sinistrés du Nord de la France aux dunes du désert du Namib, Emmanuel se cherche, se perd, et part en quête d'une impossible rédemption.



lundi 25 juillet 2011

Ces phrases qui me (nous?) coûtent...

- ''J'ai baissé le feu de la casserole, ca débordait.''
- ''Tu peux rajouter ''papier-toilette'' sur la liste?''
- ''Ouaouh, y'a du vent aujourd'hui!''
- ''T'as fermé derrière toi?''
- ''Mais elles sont où, ces clés, bordel?!''

mercredi 13 juillet 2011

La vieille dame et les galets

Il est environ onze heures sur la Crique. Le ciel est voilé, même si le soleil concède un spectre vaporeux. La mer régurgite quelques vaguelettes dont l’écume s’efface dans le sable. Cette plage polymorphe, changeante au gré des saisons, du temps, ou de mes états d’âme, me surprendra toujours.

Devant moi, une dame aux abords de la vieillesse, se promène sur un banc de galets comme ces gamins qui arpentent les rivages à la recherche de morceaux de verre polis par la mer. Il y a là quelque chose de touchant, dans la naïveté de ses gestes ; elle fouille, trie, soulève des galets de toutes formes, comme si de l’or sommeillait sous la pierraille. Ramasser des galets, c’est un acte fort de sens. La vieille femme se retrouve face à l’immensité marine, à collecter les brides d’éternité que l’infini consent à lui laisser, alors qu’elle amorce sans doute la dernière ligne droite de sa vie.

Je contemple cette scène en écoutant le Solo Piano de Gonzales. La musique semble avoir été composee pour cet instant et accompagne mes divagations de sa litanie mélancolique.

samedi 2 juillet 2011

Ouverture du blog La Peau des Autres

La Peau des Autres, c'est d'abord le titre de mon premier roman.
C'est en second lieu le nom donné à cet espace, qui en prolongement d'une histoire que je vous invite à découvrir via la rubrique Mes liens, se voudrait être de ces lieux singuliers, à l'image des personnes qui les font vivre : troquets, cafés ou restaurants, librairies, disquaires et antres diverses, ouvertes aux curieux comme aux visiteurs avertis.

Chronique du hasard

Ca y est, j'ai inauguré mon compte Facebook. Après avoir transmis à Mark Zuckerberg mon carnet d'adresses mail, je valide la création de ma nouvelle existence virtuelle. En moins de dix secondes, je me retrouve face à la multitude d'amis et d'amis de mes amis - qui sont d'après les suggestions de ce brave Mark, d'autres amis potentiels - qui dérivent déjà sur l'océan du vide existentialiste, et qui tels les noyés du Styx, tentent d'agripper les âmes indolentes.



Longtemps je me suis cru capable d'échapper aux réseaux sociaux. Quand je répondais à la question fatidique "Et tu possèdes un compte Facebook?" par la négative, combien de fois me suis-je étonné des soupirs, des regards envieux, des regrets, ou des injonctions à ne pas rejoindre les myriades d'enchaînés dont mes interlocuteurs faisaient partie?



De la même façon entend-on parfois cette question :



"Auriez-vous une cigarette?"



- Désolé mais je ne fume pas



- Vous avez bien raison. Il faudrait que j'arrête, d'ailleurs"



Les gens qui sont sur Facebook vous invitent à les rejoindre tout en gardant à l'esprit que la malédiction qui les afflige se refile comme la gastro, par un simple contact.



J'ai ainsi retrouvé la trace de ces "amis" disparus, oubliés, oublieux ou oubliables. Et devant le flux infini des identités qui se déclinaient devant moi, le malaise m'a saisi, le vertige de constater le vide abyssal qui me faisait face.



Alors j'ai repensé à mes deux grands-pères. Tous deux étaient de ces mineurs d'origine italienne, exilés dans le Nord, comme pour payer le tribu d'ancêtres redevables au Soleil de grâces dont ils ne s'étaient pas acquittés, sous une pluie et un vent glacial perpétuels.



Quand ils sortaient de la fosse, L'un regagnait son potager, l'autre ses champs, pour travailler la surface d'un monde qu'ils ne connaissaient plus que dans ses entrailles.



J'ai tenté de prendre la mesure de cette nécessité qui s'imposait à eux, de poursuivre un autre travail, après celui harassant de la mine. Et je les ai vus, à la tombée du jour, poser leur outil, les mains sur la taille, à contempler leur ouvrage. Je les ai vus sourire, dans cette pudeur ineffable qui ne les quittait jamais face au travail accompli. Ainsi sauvaient-ils leurs âmes.



Moi, je suis de cette génération qui court après le vent, le soulève par brassées, et déplore son absence une fois les mains ouvertes...