Le sujet

Emmanuel Gallieni est un jeune garçon sans histoire, jusqu’au jour où, en proie à un sentiment d’empathie extrême envers un camarade de classe, il se découvre le pouvoir de prendre possession du corps d'autrui. Des petits méfaits égoïstes de l'adolescence à la félonie et aux crimes de l'âge adulte, des villages sinistrés du Nord de la France aux dunes du désert du Namib, Emmanuel se cherche, se perd, et part en quête d'une impossible rédemption.



lundi 2 janvier 2012

Je déteste le nouvel an...

... mais je ne suis pas encore suffisamment aigri pour souhaiter aux gens que j'aime ou que j'apprécie autre chose que du bonheur. En substance, que 2012 vous apporte :
- un système imunitaire compétent pour les malades et un peu de recul et de discernement pour les hypocondriaques (dont je fais hélas partie)
- de l'argent pour les indigents et de la modération pour les flambeurs
- de la reconnaissance pour ceux qui travaillent dans l'ombre, de la gloire pour ceux qui en sont dignes
- de l'amour pour les coeurs solitaires, du courage pour les âmes mal assorties, de la patience et de l'écoute pour les autres

Ne nous cachons pas la face, si l'on écoute la radio ou qu'on regarde la télé, les médias ne nous laissent pas beaucoup de choses à espérer de l'année en marche. Mais j'ai beaucoup apprécié une réplique de Kyan Khojandi, le héros de la séeie "Bref..." sur Canal Plus, nouvelle icône des trentenaires paumés, publiée dans le dernier numéro... des Inrocks, et qui dit à peu près la chose suivante :

Quand un gamin tombe et se fait mal, il y a deux façons pour un adulte de réagir : ou on en fait tout en cas, on le plaint, on s'appitoie et le gosse se met à brailler et à souffrir de plus belle, ou bien on l'aide à se relever, on lui dit que ça n'est pas grave et le mioche repart jouer.

Alors notre monde n'a certes pas la bouille attachante d'un marmot, mais vu qu'on ne peut pas lui coller plus de taloches qu'il n'en prend déjà, essayons de l'appréhender avec un peu plus de bonté.
Bonne année 2012.

Pascal

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Chronique du hasard

Ca y est, j'ai inauguré mon compte Facebook. Après avoir transmis à Mark Zuckerberg mon carnet d'adresses mail, je valide la création de ma nouvelle existence virtuelle. En moins de dix secondes, je me retrouve face à la multitude d'amis et d'amis de mes amis - qui sont d'après les suggestions de ce brave Mark, d'autres amis potentiels - qui dérivent déjà sur l'océan du vide existentialiste, et qui tels les noyés du Styx, tentent d'agripper les âmes indolentes.



Longtemps je me suis cru capable d'échapper aux réseaux sociaux. Quand je répondais à la question fatidique "Et tu possèdes un compte Facebook?" par la négative, combien de fois me suis-je étonné des soupirs, des regards envieux, des regrets, ou des injonctions à ne pas rejoindre les myriades d'enchaînés dont mes interlocuteurs faisaient partie?



De la même façon entend-on parfois cette question :



"Auriez-vous une cigarette?"



- Désolé mais je ne fume pas



- Vous avez bien raison. Il faudrait que j'arrête, d'ailleurs"



Les gens qui sont sur Facebook vous invitent à les rejoindre tout en gardant à l'esprit que la malédiction qui les afflige se refile comme la gastro, par un simple contact.



J'ai ainsi retrouvé la trace de ces "amis" disparus, oubliés, oublieux ou oubliables. Et devant le flux infini des identités qui se déclinaient devant moi, le malaise m'a saisi, le vertige de constater le vide abyssal qui me faisait face.



Alors j'ai repensé à mes deux grands-pères. Tous deux étaient de ces mineurs d'origine italienne, exilés dans le Nord, comme pour payer le tribu d'ancêtres redevables au Soleil de grâces dont ils ne s'étaient pas acquittés, sous une pluie et un vent glacial perpétuels.



Quand ils sortaient de la fosse, L'un regagnait son potager, l'autre ses champs, pour travailler la surface d'un monde qu'ils ne connaissaient plus que dans ses entrailles.



J'ai tenté de prendre la mesure de cette nécessité qui s'imposait à eux, de poursuivre un autre travail, après celui harassant de la mine. Et je les ai vus, à la tombée du jour, poser leur outil, les mains sur la taille, à contempler leur ouvrage. Je les ai vus sourire, dans cette pudeur ineffable qui ne les quittait jamais face au travail accompli. Ainsi sauvaient-ils leurs âmes.



Moi, je suis de cette génération qui court après le vent, le soulève par brassées, et déplore son absence une fois les mains ouvertes...